« La démocratie n’est pas une pilule qu’on avale, mais une culture qui s’acquiert »
Une formulation erronée, doublée d’une sérieuse erreur d’appréciation. Voilà comment Antoine Basbous perçoit l’appellation de “Printemps arabe” qui, très vite, fut apposée sur les soulèvements populaires de 2011. Comme un concept vendeur, certes, mais surtout révélateur des projections de l’Occident et de sa profonde méconnaissance des équilibres en puissance dans ces pays.
De leurs sociétés tiraillées entre fondements traditionalistes et aspirations démocratiques, de l’emprise – écrasante – des Frères Musulmans sur les populations, du rôle décisif des richesses naturelles dans “l’achat de la paix sociale” et surtout, de l’absence de ce “socle culturel commun à l’Europe” qui, il y a quelques décennies, permettait aux pays d’Europe de l’Est d’embrasser si rapidement la démocratie.
Autant de spécificités qui, estime Antoine Basbous, font des événements de 2011 non pas un “printemps” mais un “tsunami arabe” lequel, en Egypte, est désormais entré dans “le temps des répliques”. Celui des “convulsions” d’une société chez qui l’idéal démocratique se heurte au fait que, contrairement à celles d’Europe de l’Est au lendemain de la guerre froide, “le modèle n’est pas là, derrière le mur”.
En qualifiant les révolutions de 2011 de “Printemps arabe”, les Occidentaux ont attribué à ces pays une expérience qu’ils n’avaient pas. En réalité, ces sociétés ne sont pas prêtes à passer de l’autoritarisme dictatorial de leurs anciens dirigeants à un régime démocratique. C’est pourquoi je considère qu’il ne s’agit nullement d’un “Printemps” mais plutôt d’un “tsunami arabe”, lequel appelle nécessairement des répliques avant une éventuelle stabilisation. Ce qui a contribué à cette erreur d’appréciation de la part de l’Occident tient au fait que, lorsque le rideau de fer est tombé à la fin de la guerre froide, les sociétés d’Europe de l’Est ont très vite adopté la démocratie. Parce qu’il y avait là un socle culturel commun avec le reste de l’Europe, parce que ces sociétés partageaient un idéal, parce qu’elles étaient suffisamment éduquées et désireuses de changer de régime et que la culture européenne a facilité ce changement lorsqu’enfin il a eu l’occasion de s’opérer.
Parce que, en résumé, le modèle était là, derrière le mur. Ce qui n’est absolument pas le cas des sociétés d’Afrique du Nord. C’est pourquoi l’appellation de “Printemps arabe” est totalement erronée. Le concept de printemps suppose que, trois mois plus tard, on récolte les fruits de ce qui a germé à ce moment-là, ce qui, évidemment, n’est pas le cas. En revanche celui de tsunami évoque bien les plaques tectoniques qui se heurtent, les oppositions au sein de ces sociétés et, encore une fois, ce temps des répliques dans lequel est entrée l’Egypte et qui constitue une phase incompressible du processus révolutionnaire enclenché en 2011.
L’élite
La première révolution en Egypte n’a pas abouti puisqu’elle est d’abord tombée entre les mains de l’armée avant d’être récupérée par ceux qui détenaient l’encadrement, à savoir les Frères musulmans qui sont là depuis 1928 et qui, aujourd’hui, sont présents partout. Ils ont des associations caritatives, d’enseignement, d’interventions socio-économiques, ils sont employeurs et ils vous promettent le paradis. Surtout, leur maillage du territoire est sans faille : on les trouve dans chaque village et jusqu’aux coins les plus reculés du pays.
C’est cette omniprésence au sein de la société égyptienne qui leur a permis de voler la révolution de 2011. Pour autant, il est rassurant de constater que la même génération et la même élite – jeune, moderne, urbaine – qui était à l’origine des premiers soulèvements est revenue à la charge un an après l’arrivée de Morsi en montant le mouvement Tamarod pour réclamer sa démission. Et cette fois encore, les vecteurs de soulèvement étaient Twitter et Facebook.
Ce qui est inquiétant, en revanche, c’est qu’il apparaît clairement que l’ensemble de la société n’est pas prêt, dans la diversité de ses classes sociales et de ses générations, à adopter la démocratie.
La crise égyptienne
Dans ce pays de 85 millions d’habitants, il existe entre 33 et 44 % d’analphabètes, de gens totalement coupés de la modernité qui regardent les chaînes religieuses et qui obéissent à leur mufti, ces gourous qui publient des décrets religieux et qui exercent une autorité sur les populations. Dans des pays comme l’Egypte, c’est de cette frange traditionaliste de la population que vient la résistance.
Autre élément important de compréhension de la situation actuelle : l’Egypte est un pays pauvre. Et ce qui a précipité le soulèvement des derniers jours est le fait qu’elle vit une crise économique très grave, au point qu’il ne reste plus dans les caisses de l’Etat que deux mois de réserves de changes pour payer les importations. Les touristes ont fui, tout comme les investisseurs étrangers et les pénuries se multiplient : il y a moins d’eau, de pain, de gaz domestique, moins d’électricité, moins d’essence ; les gens passent régulièrement une partie de la nuit à faire la queue aux stations-service pour essayer de s’en procurer.
Mohamed Morsi
Tout cela résulte de la désorganisation et du manque d’autorité qu’a connu le pays sous Morsi, lequel s’est non seulement montré incapable de résoudre les problèmes internes de son pays mais a permis à la situation de se dégrader. Car en ce qui concerne les affaires de gouvernance, les Frères musulmans n’ont pas d’expérience et à la gestion économique du pays ils ont privilégié le contrôle des rouages de l’Etat. Ils se sont employés à placer des hommes à eux à tous les postes clés des institutions afin de verrouiller le système de l’intérieur.
En outre, et c’est ce qui a alerté les militaires, ils ont essayé de contourner le système pour le torpiller. Ainsi, le conseiller diplomatique du président Morsi – lui aussi Frère musulman, cela va sans dire – n’utilisait pas le réseau téléphonique égyptien mais un réseau satellitaire non contrôlé pour contacter ses interlocuteurs étrangers, notamment les pays anglo-saxons, et leur demander d’exercer des pressions sur l’armée et ceci dans un but unique : le maintenir au pouvoir en contournant les institutions et en paralysant l’armée.
Surtout, le président Morsi n’a pas réussi à rassembler, à être le Mandela égyptien dont le pays avait besoin. Et comme il ne pouvait rassembler, il s’est employé à exclure – les magistrats, l’armée, les autorités installées… – pour bâtir un état Frère musulman. Et pendant ce temps, il n’a rien fait pour réduire le chômage, les pénuries, la pauvreté. Pour apporter aux Egyptiens le mieux-être qu’il leur avait promis.
Coup d’Etat militaire
A l’époque de la fin de Moubarak, l’armée avait opéré le transfert d’autorité et conservé cette autorité en faisant du maréchal Tantaoui le président transitoire avant d’organiser les élections qui avaient porté les Frères musulmans au pouvoir. Aujourd’hui, elle a réitéré l’opération en se plaçant du côté du peuple contre Morsi et en orchestrant à nouveau le transfert d’autorité mais cette fois elle n’a pas conservé le pouvoir et l’a immédiatement relayé.
Cette différence majeure avec les événements de 2011 fait que l’on ne peut, dans le cas présent, parler de coup d’Etat militaire. Ce qui est clair, en revanche, c’est que l’armée a répondu d’autant plus volontiers à la demande de la rue qu’elle éprouvait une profonde méfiance à l’égard du pouvoir en place. Les Frères musulmans voulaient imposer leur programme et pour le faire, ils devaient renverser l’armée, comme l’AKP (le parti politique d’Erdogan) l’a fait en Turquie mais au cours d’un second mandat, alors que Morsi a voulu agir vite.
Le choc entre l’armée et le pouvoir était donc, à terme, inéluctable. Les militaires se sont associés aux manifestants pour renverser le Président mais, encore une fois, il ne s’agit pas à proprement parler d’un coup d’Etat militaire dès lors qu’il y avait entre 15 et 17 millions d’Egyptiens dans la rue pour réclamer le départ de Morsi. C’était un record absolu : même pour les funérailles de Nasser on n’avait jamais vu cela.
Mohamed El Baradei
Mohamed El Baradei n’a rien d’un politicard. C’est un homme intègre, capable d’analyser les problèmes du pays et d’y apporter une solution réfléchie, cartésienne. C’est un géo-politologue, un diplomate et un économiste qui connaît les dossiers égyptiens et dispose d’une feuille de route pour les résoudre. Pour toutes ces raisons, il est clair qu’il serait une chance pour l’Egypte. Même si le pays manque de moyens pour assurer son propre redressement, une personnalité moderne et laïque comme El Baradei serait la mieux placée pour y parvenir. Le problème est que, évidemment, les Frères musulmans l’exècrent et les salafistes l’ont rejeté.
Or l’Egypte de la transition a besoin d’une coalition assez large pour fonctionner, c’est pourquoi je pense qu’au final il ne sera pas Premier ministre mais probablement vice-président. Sans grands pouvoirs donc mais avec une capacité à agir en aiguillon de la modernité. Sauf si, une fois encore, tous les barbus égyptiens, qu’ils soient salafistes ou Frères musulmans, opposent des freins systématiques à son action.
Les Frères musulmans
Pour ces gens-là, salafistes et Frères musulmans, la démocratie est un instrument, pas une fin. C’est le plus sûr moyen d’accéder au pouvoir pour ensuite pouvoir se draper dans la légitimité d’une élection démocratique et verrouiller l’exercice du pouvoir dans son ensemble. C’est ainsi que Morsi, fin 2012, a proclamé une loi constitutionnelle lui donnant les pleins pouvoirs et qu’il a envoyé les Frères musulmans bloquer le Conseil constitutionnel. Tout cela envoie des signaux extrêmement clairs et témoignent d’une dérive inquiétante.
C’est surtout un processus classique : chaque fois qu’une institution déplaît aux Frères musulmans, elle est soumise au matraquage, aux menaces et, au final, torpillée de l’intérieur. Il faut bien comprendre que ces gens qui entendent mettre en application la loi islamique prétendent détenir un pouvoir d’ordre divin qui rend leur action impossible à contester.
En outre il existe parmi les Frères musulmans une frange extrêmement radicale qui exclut de façon systématique tous ceux de leurs membres qui seraient susceptibles de rechercher l’ouverture et de faire que l’Islam ne soit plus uniquement une affaire de dogmes. Le nombre de Frères musulmans qui ont ainsi été écartés du pouvoir est considérable et il s’agissait toujours des plus brillants.
Valeurs démocratiques
En Egypte comme dans l’ensemble des pays qui se sont soulevés il y a deux ans, les valeurs de la démocratie ne sont pas les mêmes qu’en France ou en Scandinavie ; il y a toujours des rapports de force, des luttes et des résistances et surtout, les élections ne sont pas aussi significatives que dans des pays où 100 % ou presque de la population savent lire et écrire. Dans ces pays, les gens expriment leurs intentions politiques avec autant de force en descendant dans la rue par 40° qu’en se rendant aux urnes.
Surtout, il est temps de se souvenir que la démocratie n’est pas une pilule qui s’avale pour, du jour au lendemain, changer d’Etat. C’est une culture qui s’acquiert ; et cela exige du temps. La Révolution française a mis des années, voire des décennies, pour se stabiliser. Même si nous sommes aujourd’hui dans des processus beaucoup plus rapides grâce au vecteur d’Internet, avoir cru que le basculement s’opérerait en quelques mois relevait du fantasme absolu.
Et comme l’Egypte n’a pas connu, depuis le coup d’Etat de 1952, de régime réellement parlementaire, elle n’a pas pu adhérer aux valeurs de la démocratie ; elle n’a pas pu en faire l’expérience. Or un Etat démocratique, cela se prépare. Cela requiert des partis politiques distincts, une presse libre, une justice indépendante, des associations, des syndicats… Or tout cela était sous contrôle étatique. Certes, il existe aujourd’hui des pionniers qui veulent introduire les valeurs de la démocratie dans le pays – El Baradei en est le porte-drapeau – mais ils sont loin d’être majoritaires.
La terreur
Ce que vit l’Egypte actuellement peut clairement s’apparenter à une phase de terreur. D’abord parce que, contrairement à Moubarak qui s’est rapidement retrouvé seul, Morsi a des partisans qui ont clairement dit leur volonté de se battre et, si nécessaire, de mourir pour lui ; le chef des Frères musulman – Mohamed Badie – a d’ailleurs lancé les hostilités en envoyant ses hommes couper des routes et tuer des manifestants. Ensuite parce que l’attaque de lundi matin, qui avait sans doute pour but de faire libérer Morsi et qui a fait plusieurs dizaines de morts et une centaine de blessés, a eu pour effet d’accroître les tensions entre opposants tout en dé-crédibilisant un peu le nouveau régime auprès des Occidentaux qui le voient utiliser les armes pour s’imposer.
Tout cela contribue à faire dériver la révolution égyptienne vers une forme de guerre de civile et atteste du fait qu’elle est bien entrée dans une phase de Terreur. Toute la question maintenant porte sur la durée de cette phase. Si aucune scission ne s’opère au sein des Frères Musulmans, que les tensions augmentent et que les combats perdurent, alors on court le risque de voir le pays sombrer dans une véritable guerre civile, comme ce fut le cas en Algérie.
Si ce n’est que, contrairement à l’Algérie chez qui la manne du gaz et du pétrole faisait tomber les devises à la fin de chaque mois, l’Égypte est un pays importateur de gaz et de pétrole, ce qui le rend extrêmement vulnérable face à une menace de guerre civile qui, en outre, aurait pour effet d’éloigner encore plus les touristes et les investisseurs étrangers. Or on le sait : chaque touriste qui entre dans le pays crée un emploi sur un an ; imaginez donc combien d’emplois ont déjà été sacrifiés par les tensions actuelles !
L’islamisme politique
Il est clair que l’islamisme politique n’a pas fait ses preuves en tant que régime politique. Certes, il parvient à se maintenir dans certains pays mais cela s’explique à la fois par son usage de la répression et par le fait qu’il existe dans ces pays une manne pétrolière phénoménale. C’est le cas en Arabie Saoudite qui achète la paix sociale à coups de pétro-dollars et qui, dès qu’elle sent monter une menace sur son territoire, ouvre les caisses de l’Etat. C’est pourquoi le roi, deux mois après le début du “Printemps arabe”, a promis 135 milliards de dollars en aides de toutes sortes pour les chômeurs, l’éducation, le logement, etc., pour couper court à toute forme de propagation de la révolte sur son territoire. En Iran, le régime se maintient par la répression avec, en apparence, des présidents élus mais dépourvus de pouvoirs réels et qui ne sont, au final, que des pantins.
Le seul exemple d’islamisme politique qui soit parvenu à acquérir une relative forme de légitimité auprès de l’opinion est celui de la Turquie où l’AKP a été élue à trois reprises. Mais là encore, on assiste aux mêmes dérives dans l’exercice du pouvoir : au premier mandat le gouvernement a respecté la laïcité, au second nettement moins, et au troisième il a accéléré le déploiement de son propre programme, d’où l’apparition de manifestations anti-Erdogan à Ankara et Istanbul. Ces différents exemples montrent bien que, quelle que soit la façon dont il opère, l’islamisme politique est incompatible avec les valeurs démocratiques.
La Tunisie
La Tunisie et un cas particulier car Ennahda a partagé le pouvoir et l’armée tunisienne n’a pas la même tradition qu’en Egypte : elle est républicaine et n’a jamais fomenté de coup d’Etat. Enfin la société civile y est plus puissante qu’en Egypte : plus éduquée, plus proche de la France, de l’Europe… tout cela rend les configurations des deux pays impossibles à comparer. Pour autant, il y a fort à parier que la société civile tunisienne trouve dans l’exemple égyptien – surtout si celui-ci connaît une issue positive – une inspiration à reproduire sur son propre territoire et s’organiser pour chasser Ennahda du pouvoir. Mais la menace en Tunisie ne vient pas seulement du gouvernement en place.
Elle vient surtout d’une frange de salafistes djihadistes pilotée par Aqmi et Al Qaïda et qui échappe totalement au contrôle d’Ennahda qui, lui, est d’inspiration Frères musulmans. Ce sont eux, d’ailleurs, qui ont attaqué l’ambassade américaine en septembre dernier et qui ont participé à l’attaque du site gazier en Algérie.
La Turquie
Il est clair que la Turquie connaît une forme d’usure du pouvoir. Au bout de trois mandats, l’AKP se montre de plus en plus arrogante dans ses décisions et est de plus en plus contestée. Il est probable que le climat actuel soit celui d’une fin de règne. Pour autant, et contrairement au gouvernement Morsi en Egypte, l’avantage de ce parti est qu’il a permis à la Turquie d’enregistrer une croissance constante, de l’ordre de 8 % par an, qui l’a hissé au 18e rang des pays exportateurs et en a fait une réelle puissance économique.
Tout cela a permis à l’AKP de glaner beaucoup de voix et, indépendamment de son fondement islamiste, de satisfaire les attentes du peuple. D’ailleurs les Frères musulmans égyptiens ont été appelés à suivre cet exemple consistant à séparer, au moins partiellement, les affaires d’Etat des affaires religieuses, mais ils n’en ont rien fait.
Religion
La religion est un texte qui offre des millions d’interprétations. Si un mufti l’interprète de façon positive et modérée, en expliquant qu’il convient de laisser aux politiques le soin de gérer les affaires du pays, il dissociera la religion des affaires publiques au plus grand bénéfice du peuple car il est clair que les religieux n’ont pas la capacité de gérer les Etats. Le problème tient à cette conception de la foi voulant que l’Islam soit à la fois religion et Etat, et par conséquent, que les religieux soient non seulement des guides moraux mais aussi des gestionnaires politiques. C’est cela l’islamisme et c’est ce qui explique la situation actuelle. La démocratie exige le droit des minorités, l’égalité hommes-femmes. Elle exige aussi que des comptes soient rendus, que des contre-pouvoirs s’exercent. Or l’islamisme tel qu’il est prôné dans ces pays défend une vision autoritaire du pouvoir politique et prétend détenir une vérité supérieure le rendant incontestable.
L’Occident
A moins qu’une solution politique ne se profile très rapidement, il y a fort à parier que le chaos va s’installer en Egypte et, avec lui, une période d’instabilité qui devrait emmener beaucoup de gens – et pas uniquement en Egypte – à fuir leur pays pour l’Europe. En outre, si les troubles persistent, les ressources de ces pays seront moins accessibles, 45 % des exportations libyennes sont déjà bloquées, soit dans les gisements, soit dans les ports de terminaux, ce qui désorganise l’économie.
Si toute l’Afrique du Nord entre dans ce processus d’instabilité, avec une non-accessibilité aux ressources nationales et une fuite d’une partie de la population, cela peut poser des problèmes aux puissances occidentales. Non seulement de sécurité énergétique mais aussi de sécurité tout court car la fuite d’émigrés peut être une source d’instabilité pour l’Europe d’autant plus grande qu’elle-même n’est pas au mieux de sa forme économique.
Bio express
Le spécialiste
Né au Liban où il étudie le droit et la littérature, Antoine Basbous poursuit ses études en France. DEA en science de l’information et de la communication, puis doctorat en science politique, il débute sa carrière en 1975 comme journaliste, d’abord à Beyrouth, puis à Paris. Treize ans et une parution – Guerres secrètes au Liban, paru chez Gallimard – plus tard, changement de cap, il s’engage en politique et devient le représentant des Forces libanaises pour l’Europe occidentale.
Trois ans plus tard, nouveau revirement lorsqu’il renonce à l’action politique pour créer l’Observatoire des Pays arabes dans l’objectif de conseiller entreprises et institutions publiques européennes sur les pays d’Afrique du Nord, du Proche-Orient et du Golfe. Il publie par ailleurs plusieurs ouvrages dont l’Islamisme, une révolution avortée ? paru en 2000 chez Hachette et, il y a deux ans, Le Tsunami arabe (Fayard) dans lequel il analyse ce que l’Occident avait préféré qualifier de Printemps arabes.
Caroline Castets