23/10/2014 Texte

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Le tireur d’Ottawa a suivi les appels au djihad dans les pays occidentaux: «Ces gens déboussolés vont au secours d’une victoire et s’identifient à Daesh»

Des tutoriels pour fabriquer des bombes «dans la cuisine de votre mère» aux listes de cibles potentielles, les loups solitaires qui décident de combattre pour l’Etat islamique peuvent s’appuyer sur les conseils donnés par les mouvements terroristes islamistes. Les deux Canadiens passés à l'action cette semaine ont ainsi appliqué à la lettre les consignes d'Al-Qaïda et maintenant du groupe État islamique. Antoine Basbous, politologue et spécialiste du monde arabe, de l'islam et du terrorisme islamiste, estime que les vidéos de décapitation difusées par Daesh peuvent même être une «source d’inspiration» pour les combattants solitaires.

Le tireur d’Ottawa a-t-il suivi des consignes?

Je pense que les précédents alimentent l’expérience et que les uns s’inspirent et améliorent les méthodes des autres. Il n’y a pas à ma connaissance de manuel du djihadiste mais il y a une ambiance, une incitation à l’action. Chaque loup solitaire essaye d’étudier l’expérience de ceux qui l’ont précédé pour l’affiner et l’améliorer. Nous assistons à une mode dans laquelle les gens cherchent à être reconnus et ceux qui ont embrassé le djihadisme voient la communication de Daesh et les décapitations comme une source d’inspiration.

La situation en Syrie et en Irak est-elle favorable à l’apparition de combattants isolés?

Voir que malgré les offensives qui durent depuis deux mois et demi contre Daesh, ce groupe terroriste continue à gagner du terrain et qu’au bout de plus d’un mois de bombardements de la coalition aux portes de Kobané, ils sont toujours là, cela les incite à agir. La situation actuelle apporte de nouvelles vocations. Il faudrait briser rapidement l’élan de Daesh pour que les vocations se fassent de plus en plus rares car ces gens déboussolés vont au secours d’une victoire et s’identifient à Daesh, qui continue à défier la coalition internationale et à engranger les succès.

Partir mener le djihad au Moyen-Orient ou agir dans son pays, cela a la même valeur?

Partir en Syrie, c’est disparaître dans une masse, alors que s’illustrer dans son propre pays, capter les médias nationaux et internationaux pendant deux trois jours sur une action, c’est beaucoup plus glorifiant. En même temps, ils en tirent la reconnaissance de Daesh, c’est doublement bénéficiaire pour eux.

Propos recueillis par Audrey Chauvet (20 Minutes)

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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