TERRORISME. Attentat en Egypte: La communauté copte une nouvelle fois meurtrie par Daesh
Daesh a revendiqué le double-attentat qui a fait au moins 44 morts lors de messes célébrées dans des églises coptes d’Egypte…
C’était le dimanche des Rameaux. Ce jour où les Chrétiens entrent traditionnellement dans l’église une branche d’olivier à la main pour symboliser autant l’entrée dans la Semaine sainte que la paix. Il s’est transformé en enfer pour la communauté copte d’Egypte. Deux attentats à la bombe revendiqués par Daesh ont fait au moins 44 morts, selon le dernier bilan disponible.
Le premier a eu lieu, peu avant 10h, dans l’église Saint-Georges de Tanta, une ville située à une centaine de kilomètres du Caire. « L’explosion a eu lieu aux premiers rangs, près de l’autel, durant la messe », a précisé le général Tarek Atiya, adjoint du ministre de l’Intérieur. Bilan : 27 morts et 78 blessés.
Quelques heures plus tard, c’est devant l’église Saint-Marc d’Alexandrie qu’un kamikaze a actionné sa ceinture explosive après avoir tenté de pénétrer à l’intérieur. Il visait sans nul doute Tawadros II, le pape des coptes qui se trouvait justement dans l’édifice pour l’office au cours duquel 17 personnes ont été tuées et 48 autres blessées.
Les coptes ciblées trois fois en six ans
Au-delà du bilan extrêmement lourd, ce double-attentat marque autant l’incapacité des autorités égyptiennes à contenir la menace du terrorisme islamiste sur son sol qu’à protéger la communauté copte représentant 10 % des 92 millions d’Egyptiens (la plus grosse communauté chrétienne au Moyen-Orient) et persécutée depuis de nombreuses années.
Déjà précédemment cible de trois attentats en l’espace de six ans en Egypte, cette communauté religieuse doit justement recevoir, fin avril, la visite du Pape François qui a présenté ses condoléances et indiqué « prier pour les défunts et les blessés ».
Mêmes les enfants chrétiens sont des cibles dans le Sinaï
« Globalement, la culture populaire égyptienne n’est pas très rassurante pour les coptes et cela depuis longtemps, indique Antoine Basbous, fondateur de l’Observatoire des pays arabes. Daesh se présente comme l’héritier musclé de cette tendance et fait feu de tout bois. »
Une attitude facilitée par son implantation massive dans le nord-Sinaï, à l’est du Caire d’où les autorités n’arrivent pas à les déloger. « Dans ce secteur, Daesh cible les militaires, les casernes mais aussi les chrétiens, indique encore Antoine Basbous. Il y a deux mois, le groupe terroriste a notamment expliqué que tout chrétien -homme, femme ou enfant- devait être considéré comme une cible dans cette région. »
En attaquant des églises à quelques jours des fêtes de Pâques, Daesh pointe donc un peu plus l’échec du maréchal al-Sissi à maintenir l’ordre sur l’Egypte qu’il préside depuis son coup de force en 2014. « Le groupe terroriste continue de prouver que le rapprochement entre les différentes communautés religieuses n’est pas pour demain », poursuit Antoine Basbous. Le pape François n’aura pas trop de deux jours sur place, le 28 et 29 avril, pour tenter de faire entendre l’inverse.
Vincent Vantighem (20 Minutes)