12/07/2006 Texte

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Hezbollah-Hamas avec la bénédiction de Damas et Téhéran

(Papier d'angle)

CAIRE, 12 juil 2006 (AFP) - L'enlèvement de deux soldats israéliens par le Hezbollah mercredi est le fruit d'une coordination entre le mouvement chiite libanais et le Hamas palestinien, avec le soutien de l'Iran et de la Syrie, estiment des analystes.

"La coordination (entre le Hamas et le Hezbollah) existe et son inspiration se trouve à Damas et Téhéran", a déclaré à l'AFP Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes, basé à Paris.

Selon lui, le Hezbollah est intervenu, sur instigation de ses deux mentors, dans le bras de fer opposant le Hamas à Israël afin d'"établir un nouveau rapport de force". Les deux mouvements radicaux "savent combien Israël tient à ses soldats et donc ils tentent de monnayer" leur libération.

Le 25 juin, la branche armée du Hamas, les Comités de résistance populaire et l'Armée de l'islam capturent un soldat israélien lors de l'attaque d'une position militaire. Pour le relâcher, ils exigent la libération de détenus palestiniens par Israël.

Israël a rejeté ces conditions, lançant une offensive dans la bande de Gaza pour récupérer le captif.

Mercredi, dans un développement inattendu, le Hezbollah a enlevé deux soldats israéliens dans le but, selon lui, de les échanger contre des "prisonniers et des détenus" en Israël.

Fin juin, le secrétaire général du mouvement, Hassan Nasrallah, avait annoncé la couleur de son soutien au Hamas en affirmant que les enlèvements étaient une arme de choix dans la lutte contre Israël.

"Il y a 10.000 Palestiniens dans les prisons israéliennes et il n'y a pas d'autre moyen pour obtenir leur libération", avait-il dit.

Un responsable du Hamas au Liban, Oussama Hamdane, a déclaré de son côté mercredi que "la nature de la relation (entre les deux parties) conduit à une entente et une coordination".

Le Hezbollah n'avait plus enlevé de soldats israéliens depuis octobre 2000, quand il avait capturé trois militaires dans les Fermes de Chebaa, occupées depuis 1967. Leurs corps ont été échangés en janvier 2004 contre des détenus libanais et arabes.

Son intervention mercredi dans le conflit entre Israël et le Hamas vise, selon Emad Gad, un chercheur au Centre d'études stratégiques d'Al-Ahram au Caire, à "détourner l'attention d'Israël et à faire échouer toute tentative de médiation".

Le président égyptien Hosni Moubarak, qui joue les médiateurs entre l'Etat hébreu et le Hamas, a affirmé que ses efforts avaient été sabotés par des parties qu'il n'a pas identifiées.

Il a indiqué avoir "obtenu un engagement d'Israël à libérer un grand nombre de détenus palestiniens, à la suite de nos contacts avec Khaled Mechaal (leader du Hamas basé en Syrie) et Mahmoud Abbas", le président palestinien.

Des "parties, que je n'indetifierai pas, sont intervenues dans les contacts menés par l'Egypte, ce qui a créé des obstacles à l'accord imminent" entre Israël et les Palestiniens, a-t-il ajouté.

Pour M. Gad, il n'y a pas de doute, le président "fait référence à la Syrie et à Téhéran".

Damas "a l'habitude d'utiliser les dossiers d'autres peuples pour servir ses intérêts", explique-t-il, en citant l'exemple des Fermes de Chebaa, une zone frontalière entre le Liban, la Syrie et Israël, revendiquée par Beyrouth avec le soutien de Damas.

"La Syrie brandit ces jours-ci l'affaire des fermes de Chebaa, mais pas celle du Golan", occupé par Israël depuis 1967, poursuit-il.

Selon lui, "la coordination est claire depuis le début entre le Hamas et l'Iran, qui a demandé au Hezbollah d'intervenir dans la crise". "Quant à la Syrie, elle accueille les cadres du Hamas" et tire les ficelles du Hezbollah.

Au même moment où la tension montait dans la région, le vice-président syrien Farouk al-Chareh s'entretenait à Damas avec un responsable du dossier nucléaire iranien Ali Larijani.

M. Chareh a justifié le geste du Hezbollah par l'occupation israélienne. "C'est sûr que l'occupation provoque les deux peuples libanais et palestinien. C'est pourquoi il y a une résistance libanaise et une résistance palestinienne".

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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