27/07/2006 Texte

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Les destructions paralysent une économie renaissante

La crise au Liban paralyse l'économie du pays alors qu'elle commençait tout juste à récolter les fruits des efforts de reconstruction entrepris avec la communauté internationale depuis 1990.

Depuis le début de la crise, le 12 juillet, le montant des destructions liées aux bombardements israéliens au Liban s'élèverait à 2,07 milliards de dollars, selon Fadl al-Chalak, président du Conseil de développement et reconstruction, cité hier par l'AFP. Tous les secteurs clefs de l'économie libanaise ont été frappés. Les destructions d'infrastructures se chiffreraient à 721 millions de dollars, celles des habitations et des commerces à 953 millions et celles du secteur industriel à 180 millions.

Le secteur agricole, qui exporte des produits transformés vers les pays du Golfe, est paralysé par le blocage tandis que le ministre libanais de l'Economie, Sami Haddad, évalue à 5 milliards de dollars les pertes subies par le secteur touristique. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le secteur touristique libanais bénéficiait des visites de résidents des pays arabes du Golfe et de l'Arabie saoudite, qui obtenaient plus facilement des visas pour le pays du Cèdre que pour les Etats-Unis. Seules les banques résistent. Le gouverneur de la Banque du Liban estime que ce secteur a « démontré sa capacité à faire face à une situation d'exception ».

« Les efforts réduits à néant »

Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes, estime, non sans amertume, que « l'on peut dire que tous les efforts de reconstruction entrepris par le Liban depuis la fin de la guerre civile ont été réduits à néant ».

Cette crise frappe une économie qui était dynamique mais encore fragile. Antoine Basbous ajoute que, depuis 1990, le Liban avait fait d'importants efforts de modernisation des infrastructures. La reconstruction de ponts, d'aéroports, de routes ou encore du réseau téléphonique avait été entreprise. En 2003 et 2004, l'économie libanaise avait connu des moments d'euphorie avec des taux de croissance de 5 % ou de 6 %. L'assassinat de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri, le 14 février 2005, avait certes ralenti l'activité mais la reprise s'était amorcée dès le printemps de la même année. Il restait cependant encore beaucoup à faire pour rendre au Liban son image de Suisse du Proche-Orient.

La dette publique était de 36,8 milliards de dollars en 2005 (170 % du PIB). L'intervention de la communauté internationale, sous l'impulsion de la France, avait permis d'échelonner la dette et d'éviter l'effondrement du pays mais la situation restait difficile.

En 2004, la part de l'aide internationale apportée par les pays de l'Union européenne au Liban représentait 34 % de l'assistance extérieure apportée. Si ces aides ne représentent pas l'essentiel de l'effort de reconstruction économique du pays, elles ont contribué à la mise en place d'infrastructures physiques importantes qui ont, pour la plupart, été détruites par les bombardements.

GUILLAUME LANTERNIER

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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