08/08/2024 Texte

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Sinouar succède à Haniyeh : «L'ennemi numéro 1 d'Israël prend la relève»

L’élection à l’unanimité de Yahya Sinouar à la tête du Hamas est un signe de radicalité envoyé à Israël.

La riposte de l’Iran à l’assassinat mercredi dernier à Téhéran du chef du Hamas, Ismaël Haniyeh ne devrait pas tarder. Selon le «New York Times», l'ayatollah Khamenei a, lors d'une réunion d'urgence du Conseil suprême de sécurité nationale mercredi soir, donné l'ordre de frapper directement Israël. De même source, les sites visés seraient exclusivement militaires, autour de Tel-Aviv et Haïfa.

Pour les mollahs, cette opération du Mossad (non revendiquée par Israël officiellement) est une immense humiliation. Plus d’une vingtaine d’Iraniens, de militaires et d’agents de renseignement ont été arrêtés, soupçonnés d’avoir collaboré, de près ou de loin, à cette élimination. Les services secrets israéliens ont déjà assassiné en Iran une douzaine de scientifiques ou de militaires du programme nucléaire iranien. Ils savent faire. Mais l’assassinat d’Haniyeh dans une résidence d’État ultra sécurisée par des Gardiens de la Révolution triés sur le volet montre à quel point le régime iranien est fragile et ne tient que par la terreur.

Haniyeh a été remplacé à la tête du Hamas par Yahya Sinouar, l’organisateur du pogrom du 7 octobre en Israël. C’est l’ennemi numéro 1 d’Israël, celui que Tsahal traque sans relâche pour le tuer. Mais il se cache dans «le métro de Gaza», ces 800 km de tunnels où il circule, avec sans doute ses boucliers humains : certains des 120 otages israéliens encore en vie. L’élection à l’unanimité de Sinouar à la tête du Hamas est un signe de radicalité envoyé à Israël. Celui qui fut surnommé «le boucher de Khan Younes», pour avoir traqué et tué de ses mains les supposés indicateurs palestiniens d’Israël est qualifié de de «psychopathe messianique» par Barbara Leaf, la sous-secrétaire d’État américaine pour le Proche-Orient. Pour avoir passé 22 années en prison en Israël, il parle couramment l’hébreu et est le tenant d’une ligne qui se résume à vouloir la destruction d’Israël.

Pour Israël, cette nomination n’augure rien de bon. Mais pour l’instant, c’est surtout la risposte promise par Téhéran qui inquiète et le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a pour la première fois mardi demandé publiquement à l'Iran et à Israël d’éviter une «escalade» vers un conflit militaire au Proche-Orient, indiquant être «dans une intense diplomatie avec des alliés et des partenaires et faisons passer ce message directement à l'Iran. Nous avons communiqué ce message directement à Israël».

Comme il y a parfois un gouffre entre la rhétorique et l'action, la riposte du régime iranien restera sans doute mesurée, car l'Iran «ne veut surtout pas de guerre avec Israël, qui pourrait entraîner les Etats-Unis», estime Antoine Basbous qui dirige l’Observatoire des pays arabes. Selon cet expert, la stratégie de l'Iran depuis toujours est «de harceler Israël, de l'enliser patiemment, tout en évitant l'affrontement».

Jean-Marcel Bouguereau (La République des Pyrénées)

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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