05/08/2006 Texte

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« C'est en Syrie qu'il faut bombarder les ponts »

Quelle est, pour vous, la signification de cette attaque sur les quartiers chrétiens de Beyrouth ?

Cela marque l'impuissance israélienne. L'argument avancé par les Israéliens est celui de couper les routes avec la Syrie, pour empêcher le Hezbollah de se fournir en armes auprès de ce pays. Mais là, on en est très loin ! Si la Syrie est coupable, c'est là-bas qu'il faut couper les ponts. Le but des Israéliens est de montrer de quoi ils sont capables, ces attaques permettent de rassurer leur opinion publique. Mais si vraiment ils veulent frapper leurs ennemis, ils savent où ils sont. Aujourd'hui, ils frappent à plus de 130 km des lieux de combat, il n'y a aucun missile, aucune base.

Quelle analyse faites-vous de ce conflit au Liban ?

Nous avons affaire à une guerre de substitution. L'Iran et la Syrie s'attaquent à Israël par le biais du Hezbollah. Israël répond en attaquant le Liban, et fait la guerre à des gens qui ne sont pas concernés. Les vraies questions qu'il faut se poser sont : pour qui travaille le Hezbollah ? Qui le finance, qui l'arme ? Cet argent, on sait d'où il vient : de la Syrie et de l'Iran. Chacun des deux pays a, en ce moment, son propre intérêt. Pour l'Iran, cette crise permet de faire diversion sur le dossier nucléaire. Quant à la Syrie, elle veut empêcher la commission d'enquête internationale sur l'assassinat de Rafic Hariri de faire son travail pour éviter d'avoir affaire à un tribunal international. La commission s'est repliée dès le début du conflit.

Quelle sortie de crise voyez-vous ?

Il y a deux points majeurs : le Hezbollah doit accepter de désarmer et ses parrains doivent accepter d'arrêter leurs « investissements ». Mais je ne suis pas du tout sûr que ce soit leurs intentions. Ensuite, il faut que la force internationale ne retombe pas dans les erreurs du passé. Elle doit d'abord se placer à la frontière syrienne, pour empêcher le flux d'armement de passer. Et, ensuite seulement, à la frontière israélienne. Il faut couper l'armement à la source. Si les diplomates ne voyaient pas ça, ce serait dommage pour les militaires de la force internationale, qui se retrouveraient victimes d'un conflit qui les dépasse.

Recueilli par Sophie GINDENSPERGER.

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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