06/01/2006 Texte

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« Les Israéliens ont besoin d'un homme pour les rassurer »

Qui peut succéder à Sharon demain en Israël ?

Antoine Basbous.
La compétition est ouverte pour les législatives du 28 mars. Tout se jouera entre trois pôles : l'extrême droite derrière Benyamin Netanyahou, qui vient de prendre la tête du Likoud, la gauche derrière Amir Peretz, le nouveau leader des travaillistes qui manque d'expérience gouvernementale, et le centre avec Kadima (En avant, en hébreu) le nouveau parti fondé autour d'un homme symbolique pour Israël (Sharon) et auquel tous les sondages donnaient une majorité d'un bon tiers des sièges à la Knesset. Y aura-t-il un sursaut affectif des Israéliens en faveur de Kadima ? Ce n'est pas impossible.

Mais derrière quel leader ?

AB : Au sein de Kadima, il y a un trio de prétendants : Shimon Peres me semble trop vieux (82 ans) et n'a surtout jamais gagné lui-même une élection en Israël. Ehoud Olmert, le vice-Premier ministre qui assume l'intérim du pouvoir, est l'héritier désigné, mais il n'est pas issu de l'armée. Ancien chef d'état-major et actuel ministre de la Défense, le général Shaul Mofaz pourrait être l'homme de la situation. C'est lui qui s'inscrit le plus dans la lignée de Sharon, sur lequel il a calqué sa carrière. Mofaz est un « dur » qui a brisé la deuxième Intifada. Or les Israéliens ont besoin d'un homme pour les rassurer car l'Etat hébreu fait toujours face à un état de guerre régional.

La disparition de Sharon de la scène politique risque-t-elle de compromettre le processus de paix ?

AB : Elle va, pour le moins, le geler jusqu'à ce qu'un nouveau chef émerge en Israël et soit capable de dire aux Israéliens : il faut faire des sacrifices et, après le retrait de Gaza, restituer aux Palestiniens des territoires de Cisjordanie en échange de la paix. Or Netanyahou est un adepte de la colonisation à outrance, Peretz a un discours de bonnes intentions. Mofaz paraît donc le mieux placé pour relever le défi.

Qu'est-ce que cela va changer pour les Palestiniens ?


AB : Ils vont surtout devoir faire face à de longs mois de flottement politique car, après les élections du 28 mars, il faudra encore de longues semaines pour former une coalition gouvernementale en Israël, où les négociations sont toujours laborieuses.

Propos recueillis par Bruno Fanucchi

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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