22/08/2000 Texte

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Le Maroc compte sur la manne pétrolière pour relancer l'économie

Le roi Mohammed VI a annoncé la découverte de pétrole et de gaz « en quantités importantes ». Une annonce providentielle alors que le pays souffre d'une croissance trop faible

« Un cadeau royal du ciel ! » Pour Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes, l'annonce d'une découverte de pétrole et de gaz en quantités importantes dans le sud-est du pays, près de Talsint, peut radicalement changer la donne économique du royaume et rendre la situation « très prometteuse ».

L'ancien roi du Maroc, Hassan II, avait coutume de qualifier le pétrole d'« école de la paresse ». Il ne fallait pas être grand clerc pour imaginer à quel pays voisin il faisait allusion. C'est pourtant son fils, Mohammed VI, qui a annoncé lui-même la nouvelle dimanche soir, précisant que cette découverte devait aider à terme le développement économique et social du royaume. « Avec trois années consécutives de sécheresse, dont celle en cours, le pays est confronté à un double problème : ses importations de blé et de céréales augmentent, d'autant qu'elles sont libellées en dollars et que le billet vert est haut. Il en est de même pour ses importations de pétrole », souligne Antoine Basbous. La facture pétrolière du pays est ainsi estimée entre 500 millions et 800 millions de dollars par an... A titre de comparaison, le pays draine entre 300 millions et 500 millions de dollars d'investissements par an.

Des secteurs défaillants. Officiellement, aucune précision n'a été donnée sur l'importance des gisements découverts, ni sur les perspectives de production à terme. Mais la manne financière espérée ne pourra que soutenir une croissance défaillante. Alors qu'il tablait sur une croissance proche de 6 % cette année, le gouvernement ne prédit plus que 2 %, les experts restant encore plus pessimistes. Même des secteurs qui jusqu'alors étaient florissants commencent à battre de l'aile : c'est le cas du textile dont les responsables ont lancé un cri d'alarme auprès des pouvoirs publics il y a peu. Concurrencés sévèrement par les produits des pays de l'Est ou d'autres pays méditerranéens, souffrant de la parité non compétitive du dirham et ayant supporté une hausse de 10 % du salaire minimum au 1er juillet, les patrons du textile mettent en exergue de graves menaces sur l'emploi. Officiellement, le taux de chômage du royaume est d'environ 15 %, mais il dépasse 22 % dans les villes et, de l'avis de tous les experts, la pauvreté progresse.

Après l'optimisme qui a accompagné le changement de roi, l'an dernier, la population attend désormais des résultats concrets. L'annonce inespérée d'une découverte pétrolière, si elle se confirme, devrait ainsi donner une nouvelle marge de manœuvre au gouvernement Youssoufi et au nouveau monarque.

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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