02/02/2006 Texte

pays

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Interview

Comment analysez-vous le déchaînement d’indignation du monde arabo-musulman?

Il y a, dans ces pays, une notion du sacré qui n’est pas la même qu’en Occident et une liberté d’expression qui n’est pas identique non plus. Toucher au [ANTOINE BASBOUS] Prophète est impensable pour un musulman à qui on dit déjà que toucher au roi ou au président est insupportable. Mais il est vrai que fustiger les pays ou leurs ressortissants, dans lesquels la publication des caricatures a eu lieu, plutôt que l’auteur ou l’éditeur, est une dérive inquiétante. On remarque que, dans les pays où le taux d’analphabétisme est parmi les plus élevés, les réactions ont été les plus violentes et les plus disproportionnées. On sait, par ailleurs, que dans les pays peu développés, les gens s’enflamment très vite pour la chose sacrée. Enfin, pour certains gouvernements en manque de légitimité, cette affaire est un moyen de retrouver une certaine crédibilité. C’est ça la caricature!

Cette affaire donne-t-elle raison à ceux qui croient au choc des cultures?


Evidemment que cette polémique révèle un choc. Il y a d’abord une très mauvaise gestion de l’affaire par les autorités danoises qui n’ont pas voulu recevoir les diplomates des pays arabes sous prétexte qu’il s’agissait d’un litige privé. Ensuite, il y a ce décalage entre un modèle occidental où le sacré n’existe plus, à quelques exceptions près[ANTOINE BASBOUS]  comme l'Holocauste, et une conception musulmane qui veut sanctuariser la représentation de Mahomet et l’imposer.

Cette polémique ne risque-t-elle pas d’aggraver les malentendus et de favoriser les amalgames?

Effectivement, on risque de voir l’écart entre l’Islam et l’Occident continuer à se creuser. D’un côté, on aurait pu tenir compte de l’extrême sensibilité des Musulmans sur ce sujet. D’autre part,  on peut s’étonner qu’il n’y ait pas [ANTOINE BASBOUS] eu beaucoup  de manifestations indignées dans le monde islamique quand des attentats terroristes sont perpétrés au nom d’un islam dévoyé, davantage que par une caricature!

Le président égyptien, Hosni Moubarak, a mis en garde les Européens contre une mauvaise gestion du scandale, estimant que les extrémistes pourraient profiter. Est-ce votre avis?

L’islamisme radical n’a pas attendu qu’une caricature soit publiée dans un journal danois pour se propager! Que le président Moubarak se demande réellement pourquoi les Frères Musulmans ont obtenu 88 sièges au parlement égyptien. S’il avait habitué son peuple à un peu plus de liberté...

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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