03/02/2006 Texte

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Trois questions à Antoine Basbous, Directeur de l'Observatoire des Pays Arabes

1 - Pourquoi le monde musulman est-il choqué par la publication de caricatures de Mahomet ?

Parce que l'islam intégriste interdit de personnifier le Prophète à travers des statues ou des images. Quand le prophète Mahomet est entré à La Mecque, il a brisé les stèles et une lecture wahhabite de la religion empêche toute représentation de l'être humain. On a même vu en Arabie saoudite un mouvement visant à interdire la reproduction de personnages sur les billets de banque. Nous touchons là au sacré. Dans bien des pays musulmans, on ne peut pas caricaturer les rois ou les présidents, alors caricaturer le Prophète !

2 - Est-ce que l'ensemble du monde musulman se sent offensé ou seulement les intégristes ?


La question ne se pose pas dans ces termes et le processus est plus complexe. Les intégristes ont mis l'accent sur ces dessins et entraîné les gouvernements dans leur sillage. Mais au lieu de faire porter la culpabilité sur le seul caricaturiste, ils l'étendent au journal, au pays, à l'Europe, à l'Occident et finalement à l'ensemble du monde chrétien. Les caricatures sortent de la confidentialité. Elles sont publiées dans tous les pays et les intégristes s'en servent pour agiter l'ensemble des fidèles. Ils veulent « sanctuariser » leur croyance et leur Prophète, comme l'Holocauste a été « sanctuarisé » pour les Juifs.

3 - Des représailles peuvent-elles s'exercer et de quel ordre ?


Il est difficile de répondre à cela. Mais pour le Danemark, al-Qaida a formulé des menaces très claires. Dans les autres pays, c'est un peu à la tête du client. On peut très bien s'en prendre à des ressortissants simplement coupables de présenter un passeport. On peut penser aujourd'hui que des Danois qui vivent sans problème depuis des années dans un pays musulman sont désormais devenus des cibles potentielles. C'est tout le risque du processus actuel : on part d'un acte d'une personne pour accuser un pays puis un continent entier. Cette globalisation de la menace est aussi injuste qu'inquiétante.

Sujets - Sud Ouest : Échos; ISLAM; ISLAMISME; RELIGION; CONFLIT; LIBERTE; PRESSE; CONFLIT; INTERVIEW
Lieu(x) géographique(s) - Sud Ouest : France
Taille : Court, 273 mots

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