Télévision : Siddharta Ben Laden
Oussama ben laden est-il persuadé du bien-fondé de sa guerre sainte ? Bien sûr qu'il est convaincu, ce père de famille maigre et barbu, visage émacié, silhouette voûtée et santé chancelante, qui mesure un mètre quatre-vingt-seize et a engendré un nombre d'enfants tel qu'il n'arrive plus à en faire le compte ! Sinon, pourquoi aurait-il quitté les palais de rêve où vivent ses frères, au gré des saisons, en Arabie saoudite, à Londres ou sur la Côte d'Azur française ? Pourquoi aurait-il renoncé à cette vie douce et facile, aux plaisirs de l'extrême richesse, aux joies innombrables, personnelles et familiales, qu'elle procure ?
Il aurait pu devenir homme d'affaires comme ses frères, entrepreneur de travaux publics, voire ministre du gouvernement saoudien, comme son père. Bien sûr qu'il y croit, à sa guerre sainte, pour tourner aussi radicalement le dos à la tradition familiale ! Répondant à une question hypothétique de Jean-François Deniau (Ben Laden croit-il vraiment ce qu'il dit ?), Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes, donnait, tard hier soir sur France 2, la clé de l'énigme Ben Laden. L'homme croit ce qu'il dit, si étrange que cela puisse nous paraître. Sinon, il n'aurait pas quitté sa famille et son pays...
Antoine Basbous était aussi convaincant hier soir, chez Arlette Chabot, que Ben Laden est convaincu. Pour l'entendre le premier, il fallait veiller tard et tenir le coup jusqu'à près de 2 heures du matin. Le résultat en valait largement la peine. La remarque vaut pour l'ensemble de l'émission, consacrée à Toulouse et à l'Afghanistan. L'absence de Thierry Desmarest, PDG de TotalFinaElf, pourtant invité par Arlette, était criante. On n'a d'ailleurs pas vu sur le plateau de "Mots croisés" le moindre représentant de cette multinationale bien de chez nous...
Sur l'affaire Ben Laden & Co, Irène Stoller, qui fut une juge anti-terroriste efficace et discrète (elle était même, en France, pendant de longues années, le chef du parquet antiterroriste), avait quelques remarques excellentes à faire. Mais c'est évidemment sur Oussama Ben Laden, à l'heure où les enfants sont couchés depuis longtemps, qu'on en a appris le plus, sur France 2, dans la nuit de lundi à mardi.
A l'origine, comme le prince Siddharta Gautama, le jeune Oussama est sorti du palais familial et ce qu'il a vu dehors l'a bouleversé. Le premier est devenu le Bouddha, l'Eveillé, prêchant le renoncement, la paix et l'amour universel. Le second a choisi la guerre sainte et la haine. Ça fait une sacrée différence.
par Dominique Dhombres
