18/11/2003 Texte

pays

<< RETOUR

L'Arabie Saoudite, nouvelle cible de l'organisation Al-Qaïda. menace sur les Hadji

Cette mesure est intervenue au lendemain du dernier attentat de Riyad.
Une première, alors qu’elle concernait uniquement le hadj, la restriction du nombre d’entrées de pèlerins algériens dans les Lieux saints de l’islam est désormais élargie à la omra. Les services consulaires saoudiens à Alger ont justifié cette limitation par un surnombre de pèlerins. Bizarrement, ce problème ne s’est jamais posé les années précédentes. Selon des responsables d’agences de voyages et de tourisme impliqués dans l’opération omra, la décision d’arrêter la délivrance de visas est intervenue au lendemain de l’attentat meurtrier qui a ciblé, le 8 novembre dernier, un complexe résidentiel de la banlieue de la capitale Riyad. “Immédiatement après, les services consulaires ont arrêté le traitement des dossiers en leur possession”, nous indique-t-on. Mécontents, les candidats au voyage à la Mecque ont alors investi les locaux des différentes agences, notamment l’Office national du tourisme (ONAT) à Alger et des autres wilayas du pays telles que Oran, Tlemcen et Sidi Bel Abbès, afin d’exiger des explications et réclamer leur droit à la omra. “Ces restrictions relèvent d’une question de souveraineté”, affirme M. Belkacemi, directeur général de l’ONAT. Très embarrassé par la tournure qu’a prise cette affaire, il révèle que l’ambassade d’Arabie saoudite a fait machine arrière et s’est engagée à examiner les situations encore pendantes, soit environ 370 dossiers de visa en instance introduits par l’ONAT.

Annuellement, près de 60 000 Algériens effectuent la omra. Alors qu’ils ne constituaient jusque-là aucune sorte de préjudice pour les autorités wahhabites, ces effectifs semblent désormais entourés de suspicion.

L’instauration implicite d’un quota après l’attentat de Riyad renseigne sur l’opinion des Saoudiens à l’égard des Algériens.

Manifestement, la présence de nos compatriotes sur le territoire saoudien n’est pas très souhaitée, dans la mesure où elle constituerait un danger pour la quiétude du royaume. L’Arabie saoudite suspecte-t-elle les pèlerins algériens d’alimenter les réseaux d’Al-Qaïda en cause dans la vague d’attentats sans précédent qui s’abat sur le pays ? “C’est invraisemblable. Les Algériens sont très appréciés par les Saoudiens contrairement aux pèlerins d’autres nationalités”, récuse un représentant du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs. Refusant de faire un quelconque parallèle entre l’arrêt de délivrance des visas et l’attentat de Riyad, il pense que la suppression des titres d’entrée est justifiée par l’imminence de l’opération hadj qui exige le départ de tous les visiteurs des Lieux saints au moins un mois et demi avant le grand pèlerinage. Notre interlocuteur indique, à ce propos, qu’à l’instar des années précédentes, le hadj se déroulera normalement. “Il ne sera soumis à aucune disposition particulière”, fait-il remarquer, très rassurant.

SAMIA LOKMANE

Les attentats, un “rappel” sanglant aux Al Saud

Depuis le 12 mai dernier, le royaume wahhabite s’est laissé prendre dans les tenailles de la menace terroriste. Pour Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes à Paris, la griffe de l’organisation Al-Qaïda est évidente. “L’objectif est de rappeler aux Al Saud qu’ils ont trahi le testament du Prophète Mohammed qui ordonne l’expulsion des terres de l’Arabie des chrétiens et des juifs”, a-t-il déclaré dans un entretien à El Watan.

L’Arabie Saoudite mord la poussière des mains de sa propre progéniture. Depuis le 12 mai, donc un véritable cataclysme terroriste intégriste l’a emportée dans un tourbillon de violence sans précédent sur ces terres saintes où, jadis, partit la tragédie du glaive à la conquête du monde. Un triple attentat à la voiture piégée, commis contre des quartiers résidentiels (El-Hamra, Gharnata, Cortoba et Ichebilia) avait fait au moins 90 morts et une centaine de blessés. Neuf kamikazes s’y étaient engouffrés pour rappeler le “devoir du sacrifice” aux “impies”. En bons connaisseurs, les Américains recommandèrent tout de suite à leurs 35 000 ressortissants, d’observer la vigilance. En juillet de l’année en cours, les services de renseignements ont réussi à localiser un groupe de six personnes à Qassim (300 kilomètres au nord de la capitale) que les groupes d’interventions ont criblé de balles lors d’un assaut qui a permis, en outre, la récupération d’un arsenal de guerre impressionnant. Il y a dix jours, enfin, un véhicule piégé dans un autre quartier résidentiel de Riyad, Al Mouhaya, a provoqué la mort de 17 personnes, dont cinq enfants. “Les terroristes sont passés du stade de la planification à celui de la mise en œuvre”, avertissaient, au début du printemps, les Américains.

Lyès Bendaoud

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
twitter   |